Comment décrire la peur, ce sentiment que tous les êtres de la Terre connaissent ? On n' y échappe pas, nous petits humains que nous sommes... Retranscrire la peur en jeu vidéo tient des mêmes moyens que dans un bon film d' horreur. Il y a les films qui font très peur en utilisant la suggestion (j' ai "ring" qui me vient en tête là par exemple tiens); les films qui jouent sur une peur rapide avec le gore (et l'on aime la tripaille tous autant que nous sommes non ?) ; les films qui donnent une peur malaise qui ne nous quittera pas (merci mr Cronenberg) et enfin, les films sur le fil : à la fois suggestion mais aussi brusque montée de violence gore. Si (l' excellent) Silent Hill joue sur la suggestion (le brouillard comme idée, digne de "the fog" de John Carpenter) et le glauque (qui a dit Lovecraft ?), Resident Evil (tout aussi excellent) joue sur le malaise et le gore. Et de plus,les deux jeux n' hésitent pas à maintenir une certaine tension chez le spectateur. En témoigne les brusques montées de violence chez Silent Hill ou les plans de caméra fixes mais oppressant de resident evil (parce qu'on ne sait jamais quelle couille va nous tomber dessus passé telle ou telle porte).
Papa, faut que je recopie un article sur l'artcancre, t'aurais pas vu mes cartouches d'encre ? Putain papa qu'est ce qu'il t'arrive ?...Resident evil, premier de ce nom sur game cube est une nouvelle mouture du 1 sur playstation, non, enfin si. Disons que le jeu à été largement retravaillé (même largement, c'est infime comme mot : la beauté des décors explose la rétine), les énigmes changées de places et la difficulté est montée d' un cran (voire deux, je me souvenais pas que c'était aussi dur par moments).
Le jeu est beau c'est indéniable. On est carrément soufflé, et on se plaît à traîner les pieds pour observer un papier peint somme toute banal mais pourtant.... Les insectes au sol qui bougent (comme dans code veronica quoi), facilement identifiables, ou les petits papillons de nuit qui se collent à la lampe...Les reflets de la lune dans une flaque d' eau, et l' eau soulevée, quand on marche dedans....
Tout ça participe non seulement à la fascination poétique et déambulatoire du joueur dans le jeu mais aussi à son degré de terreur, inquiétude qui monte lentement au fur et à mesure qu' on progresse....
Putain ça donnerait envie de devenir un vampire pour réciter du baudelaire dans un cimetière ce jeu...Le jeu fait peur.
Plans fixes de la caméra qui ne bougera pas. Démerdez vous avec ça, comme dans la réalité.
Soudain...Un bruit derrière ou là bas.
Pas humain.
On compte les balles qui restent.
On regarde son plan du manoir.
Une petite inspiration...
Et on avance, prudemment, quitte à courir ou à se laisser prendre pour planter un poignard ou donner un coup de décharge électrique d' auto défense quand la créature nous attaquera, car on ne veut décidément pas gaspiller les balles du fusil à pompe. Et la créature est tout près mais on est dans un angle mort...
Et l'on ne la voit pas. Ou trop tard.
Quid des créatures, vous aurez droit (mal)heuresement à autre chose que des zombies. Tuez les d' ailleurs, ils reviendront à l' attaque, plus rapides, plus féroces, plus agressifs (28 jours plus tard reloaded ?)...Vous aurez aussi le plaisir de (re)trouver les chiens morts vivants, véritables saloperies que le monde entier haït plus que tout. Et puis les hunters, lézards prédateurs terriblements énervants. Vous aurez plus loin dans le jeu la possibilité et le bonheur de participer (que vous le vouliez ou non) au remake des dents de la mer, de faire un peu de jardinage avec des plantes géantes, de croiser un serpent beaucoup plus grands que des anacondas, puis plus loin encore, des mygales décidement trèèèèès grandes. Trop à mon goût... Beaucoup plus loin vous ferez la connaissance de Lisa une gentille petite fille, peut être un peu trop excitée, et même du Tyran, gentleman-saloperie...
(plus fort que spielberg....)Il y a un truc terriblement frustrant et jouissif aussi dans le jeu : votre mort. Vous allez mourir dans d' atroces souffrances et de différentes façons à chaque fois (et votre personnage à toujours un balai dans le cul épouvantable, mais c' est fait exprès, ça fait plus de 10 ans que ça dure dans la saga, on s'y fait vous savez...). Les scénaristes ne manquent pas d' idée, et il faut être un peu maso comme d' habitude pour aimer le jeu, mais on joue comme on regarderait un bon film d' horreur...avec délectation et un peu d'effroi.
Enfin, les clins d' oeil culturels, cinéphiliques et littéraires ne manquent pas. ça foisonne.... Les dents de la mer (of course), Aliens (la scène de l'ascenseur...), Zombie et la nuit des morts vivants (évidemment !), Baudelaire, Sleepy Hollow, le gothique, Edgar Allan Poe, David Cronenberg, la peinture en général (coucou l' énigme de "la naissance de Venus" du Cabanel pour les livres)...
Par contre j' ai pas trouvé Lovecraft ni King et là faudra chercher dans un autre grand jeu très sous-estimé aussi existant sur la game cube, je veut parler d'Eternal Darkness...
Les chiens zombies, la pire engeance de la Terre.e pense bien avoir tout dit sur ce resident evil "rebirth" : poésie, horreur, fantastique, réferences, intrigue (oui les scénarios des resident evil sont basiques mais bien ficelés, sauf resident evil code veronica qui dévoile un nombre considérable d' information intéressantes en plus et devient un must génial pour tout amateur de Resident Evil)...
Bref un classique et chef d' oeuvre.